Monétiser du trafic pourri

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Un visiteur qui vient sur votre beau site vous coute de l’argent. Il vous prend de la bande passante, des ressources CPU de votre serveur, fait tourner votre ventilateur plus vite, et donc vous prend d’électricité, use vos disques durs, plante votre Mysql avec une requête mal foutue, vous obligeant à passer des heures à résoudre le problème, etc.

Vous allez me dire que tout cela n’est pas vrai, que c’est peanuts et que cela ne coute pas grand-chose. Certes, c’est vrai si vous êtes sur un hébergement mutualisé, mais si vous avez 30 serveurs dans un datacenter à Lyon, tout cela mis bout à bout finit par revenir fort cher, fait des trous dans la couche d’ozone, génère des déchets nucléaires, fait fuir les gerris du lac de Serre-Poncon, castre les escargots et les limaces, vous oblige à bruler vos fauteuils Louis XVI pour vous chauffer, à élever des vers de terre dans votre cuisine pour économiser les sacs plastiques et finalement fait pleurer votre petite fille parce que l’éolienne du voisin brouille Gulli sur la T and T.

Alors heureusement que parfois un de vos visiteurs vous rapporte quelques cacahuètes, en prenant un CPA par exemple. Ce genre de bienfaiteur est généralement quelqu’un d’occasionnel qui est arrivé sur votre site par une requête de notre gigantesque ami à tous, l’infalsifiable G, qui ne fait pas de différence entre une route et une clé WPA. Les autres, les habituels et autres fidèles, généralement sont plus intéressés par le contenu que par les liens externes. D’un autre côté, un fidèle vous fera toujours plus confiance qu’un occasionnel, et si vous sombrez avec lui dans la tentation de l’incentive, il y a de fortes chances que cela fonctionne bien.

Il y a toutefois une catégorie de visiteurs qui pose problème : il s’agit de celui qui génère du trafic pourri, à ne pas confondre avec le trafic de M. Le trafic pourri est celui que l’on sait complètement inconvertible, c’est-à-dire incapable de générer une vente, ou même un malheureux ptit clic sur un PPC quelconque, de préférence financier. Dans mon cas, je m’intéresse uniquement à deux types de trafic pourri, car c’est surtout ceux que je rencontre le plus. Il en existe d’autres mais je ne les évoquerai pas.

Le premier concerne le trafic en provenance de Google Images, les gens qui sont à la recherche d’images ; on pourrait dire que finalement, la vidéo a finalement supplanté les images, mais il n’en est rien. Ce genre de trafic est très difficilement convertible car bien évidemment les gens en arrivant sur votre site n’ont qu’une seule idée en tête : voir une image, et rien d’autre. Il y a aussi un autre argument en leur défaveur, c’est que par exemple dans la niche des célébrités, il s’agit souvent de jeunes personnes, mineurs, adolescents et autres enfants dépourvus de moyens financiers. Les autres niches telles que le porno (souvent filtré) et celle du tourisme sont bien heureusement différentes. Le point positif, tout de même il faut le souligner, c’est qu’un trafic image peut rapidement vous fournir des milliers de visiteurs par jour. Une 8eme position sur une image de Britney Spears m’a rapporté plus de 15000 visiteurs en une seule journée. Je n’ose même pas imaginer la tête de mon malheureux serveur si cette 8eme position s’était transformée en 1ere.

Le second type de trafic pourri est celui généré par les liens Rapidshare ou Megaupload. Le jour où vous déposez ce type de lien sur un de vos sites, immédiatement, une cohorte de robots va vous repérer et indexer votre URL. Après, ce sont les moteurs de cette niche particulière qui vont vous amener le trafic. Cela se passe de cette façon : les gens vont sur un moteur de recherche Rapidshare, repère le fichier qui les intéresse et commence leur téléchargements. Pendant ce temps, ils ont souvent le réflexe de cliquer sur l’URL de référence, c’est-à-dire l’endroit où a été déposé le lien Rapidshare : c’est là qu’est le trafic pourri, un trafic d’attente ou de curiosité et qui n’a que très peu de chance de convertir. Cela est d’autant plus vrai qu’il ne faut se faire aucune illusion sur la nature du fichier téléchargé depuis Rapidshare !

Finalement, en face de ce type de trafic, on se retrouve quelque peu dépourvu : il relativement aisé d’obtenir beaucoup de visiteurs, tout en sachant que leur chance de conversion est relativement faible.
Alors, on doit user de créativité pour tenter de gagner quelques deniers que vous utiliserez pour acheter le silence de votre épouse qui vous reproche les deux paradoxes suivants :

  • Quand vous ne faites rien à la maison, vous êtes un fainéant mâtiné d’égoïsme ; jardin, pelouse, entretien de la piscine, haie, désherbage, courses, poubelle, conduite des enfants, 50 heures au bureau par semaine, factures et impôts n’entrant pas dans le périmètre savamment délimité par les sciences féminines.
  • Quand vous faites tout à la maison, vous êtes un ostrogoth doté de deux mains gauches, pas même capable de ranger l’assiette dans le placard du haut alors que tout le monde sait pertinemment que sa place est dans le placard du bas.

Pour monétiser rapidement mon trafic pourri, j’ai commencé avec une régie fonctionnant au CPM (Cout Pour Mille impressions) : vous êtes payés pour chaque visiteur arrivant sur votre site. L’idée derrière ceci est de plus de communiquer sur quelque chose que de réellement faire une conversion. Le résultat est plutôt satisfaisant mais sans plus. Dans mon cas, j’ai utilisé la régie Canadienne Clicksor. L’inconvénient est que l’on ne rentre pas comme cela chez eux, et qu’il vous faut justifier du volume de visiteurs par site.

Ensuite, j’ai choisi de tricher un peu en cloakant le trafic. Je repère l’URL référente que je redirige si je sais que j’ai affaire à du trafic pourri. Ceci se fait de la manière suivante en PHP pour Google Images, par exemple:

$mref=$_SERVER[« HTTP_REFERER »];
$mredir = http://monlien-daffiliation;
if( preg_match(« /imgres\?imgurl=/ »,$mref)) {
$m1 = « Status: 301 Moved Permanently »;
header($m1, false, 301);
$mloc = « Location: « .$mredir;
header($mloc);
}

La difficulté maintenant, c’est d’orienter mon visiteur vers quelque chose susceptible de convertir, et là, ce n’est pas gagné.

J’ai commencé par un produit « Rock&Roll » qui convertit plutôt pas mal sur d’autres sites. Bien entendu, au vue de la nature du produit, j’ai écarté le trafic dont je sais qu’il se compose d’un public jeune. Je revendique pleinement le statut de vieux con mais certainement pas celui de pervers pépère. D’ailleurs pour la plupart de mes tentatives de monétisation, le public visé était forcément majeur.
Le résultat est particulièrement décevant avec un taux de conversion de 1 sur 3000. Mais c’était fort prévisible : quelqu’un qui recherche une image n’a franchement pas envie de payer un produit, fut-il aussi sympa. Pour réussir, il faut donc du volume, mais c’est un peu dommage de se focaliser sur ce genre de produit, au vue du très faible taux de conversion constaté.

Ma deuxième piste a été d’explorer la piste AFF. Ce site possède un système d’affiliation parfaitement adapté et très complet. Parmi les nombreux moyens mis à notre disposition, AFF propose une rémunération à la visite : 1 centime par internaute. Pas de quoi fouetter un chat, mais quand on a plusieurs milliers de visiteur par jour, cela peut devenir intéressant et rapidement rentabiliser le trafic pourri. Le résultat constaté est tout à fait honorable, et sporadiquement j’ai observé des conversions au CPA. Pour rappel, un homme qui signe chez AFF vous rapporte $1, et une femme $6.

Ma dernière expérience fut de créer une « money page » dans laquelle j’avais déposé un PPI (Pay Per Install). Cette technique consiste à proposer à votre visiteur de télécharger et d’exécuter un petit programme pour visualiser une vidéo. J’en vois qui s’énervent déjà ;-)
Alors j’apporte juste quelques petites précisions sur cette activité très peu développée en France. Tout d’abord, il est clair que ce type d’affiliation comporte beaucoup d’escrocs prêts à tout pour avoir un programme qui tourne sur une machine tiers. Mais il en existe tout de même des honnêtes et qui ont réellement pignon sur rue. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il est nécessaire de bien séparer le bon grain de l’ivraie. En clair, il suffit de joindre ceux qui proposent uniquement de l’adware, et surtout d’éviter ceux qui travaillent uniquement dans le spyware. De toutes les manières, proposer du spyware sur un site n’est franchement pas très malin. Dans mon cas, j’ai utilisé la régie Pinball, qui autrefois s’appelait Zango. L’avantage de cette régie est qu’elle propose des vidéos tout public, et vous aurez donc la possibilité de monétiser le trafic pourri en provenance du public jeune.
Pour l’expérience du cloaking, le résultat constaté a été très décevant et aucune conversion n’a été faite en l’espace de plus de mille visites. Par contre, cela avait très bien fonctionné sur un autoblog de célébrités : l’internaute avait son image, et en plus on lui proposait d’aller plus loin en téléchargeant une vidéo de la célébrité.

Pour conclure, c’est donc la deuxième piste, celle de l’affiliation AFF qui s’est avérée être la plus performante. Sur du trafic pourri, il est franchement inutile de penser conversion et il faut mieux s’orienter sur du CPM, voir du PPI pour monétiser ce genre de trafic. Il est aussi intéressant de constater que le cloaking peut parfois avoir un effet néfaste dans la recherche de conversion.

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